07 Jun
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Depuis plus de 390 ans, la VMEH (Visite des Malades dans les Établissements Hospitaliers) s’engage à rompre la solitude des personnes hospitalisées ou résidant en EHPAD en leur apportant présence, écoute et chaleur humaine.


En Seine-et-Marne, nous poursuivons cet engagement à travers l’association VMEH77, active dans 25 établissements de santé et médico-sociaux, grâce à l’action de 75 bénévoles. 

À l’approche de notre assemblée générale 2025, qui se tiendra le 12 juin 2025, nous avons souhaité donner la parole à de jeunes bénévoles engagés. Elsa, Baptiste et Hanna témoignent ici de leur expérience, entre émotions, rencontres et solidarité.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Elsa : Bonjour ! Je m’appelle Elsa, j’ai 22 ans. Je suis actuellement étudiante en fin de licence de sciences politiques et je travaille comme serveuse en parallèle. 

Baptiste : Bonjour ! Je m’appelle Baptiste, j’ai 21 ans. Je suis étudiant en Politiques Publiques et Affaires Publiques à l’IEP de Fontainebleau. Je suis en alternance en formation des élus locaux. J’ai toujours été passionné par la chose publique, mais surtout par le contact humain et la lutte contre les inégalités. 

Hanna : Bonjour, je m’appelle Hanna, j’ai 21 ans. Je suis bénévole chez VMEH depuis environ quatre mois et je vais débuter en septembre un Master de Management des organisations d’intervention sociale et médico-sociale. Je suis très intéressée par l’actualité nationale et internationale ainsi que par les politiques sociales en France.Tous les trois ont été profondément marqués par l’hospitalisation d’un ami commun, une expérience qui les a confrontés à la solitude vécue à l’hôpital. Ensemble, ils ont décidé de s’engager bénévolement avec la VMEH77. 

Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir bénévole à VMEH77 ?

Pour Baptiste, « l’hospitalisation d’un ami commun avec Hanna et Elsa a été un vrai déclencheur. On a pris conscience que certaines personnes n’avaient pas de visites depuis des semaines. On s’est dit qu’on pouvait agir concrètement. »

Pour Elsa, c’était aussi « une envie profonde de me rendre utile, renforcée par cette hospitalisation. Après le Covid-19, j’ai pris conscience de la solitude à l’hôpital, du manque de temps pour l’échange humain. J’ai voulu apporter, à mon échelle, un peu de présence. »

Pour Hanna, « l’idée de donner de mon temps pour visiter des personnes hospitalisées me trottait dans la tête depuis longtemps. Après avoir visité notre ami hospitalisé, j’ai vraiment perçu à quel point l’hôpital peut être un lieu d’isolement. C’est là que j’ai décidé j’ai pris la décision de contacter la VMEH77 »

 Comment s’est passée ta première visite ? Quels souvenirs en gardes-tu ?

Elsa : Je me souviens très bien de ma toute première visite. J’étais accompagnée de Baptiste, qui débutait lui aussi, et Valérie, une bénévole avec plus d’expérience qui était avec nous pour nous guider. Honnêtement, j’appréhendais pas mal. J’avais peur de ne pas savoir quoi dire, de ne pas avoir la bonne attitude, ou tout simplement de paraître trop jeune, pas à ma place. Et surtout, j’avais cette crainte de déranger, d’entrer dans une forme d’intimité qui ne m’appartenait pas. Mais Valérie et le personnel soignant m’ont mise en confiance. Et puis il y a eu cette première rencontre avec une dame très bavarde, avec qui le courant est tout de suite passé. Elle semblait tellement heureuse de discuter et m’a encouragée à continuer avec l’association. C’est un très bon souvenir.

Baptiste : Ma visite découverte a été riche d’expériences. J’ai réellement pu découvrir le fait de visiter des personnes hospitalisées, qui étaient de tout âge et de différents horizons. Nous avons vraiment pu échanger, même brièvement, pour respecter la fatigue et l’intimité de chacun !

Hanna : Ma première visite était très complète et j’en garde un merveilleux souvenir, bien qu’intense. J’ai été soigneusement accompagnée par deux bénévoles de longue date qui étaient familières des lieux et qui ont pris le temps de m’expliquer le déroulé des visites, les étapes, ainsi que les précautions à prendre avec les patients. Pour être tout à fait honnête, j’appréhendais un petit peu. Comment lancer la conversation ? Comment rebondir face à leurs difficultés ? J’ai eu la surprise de découvrir que tout est très naturel ! Ce qui m’a marquée, c’est la joie et la gratitude exprimées par de nombreux patients qui ont tout simplement apprécié que quelqu’un prenne le temps de prendre de leurs nouvelles.

Qu’est-ce que cet engagement t’apporte personnellement ?

Elsa : C’est une expérience très enrichissante pour moi. À la fois sur le plan humain et sur la découverte de l’environnement hospitalier. Je souhaite travailler plus tard à l’amélioration des politiques sociales, et cette expérience est une véritable ouverture sur une réalité du terrain. L’échange avec le personnel soignant, quand ils ont le temps, est très intéressant. J’aimerais beaucoup prendre le temps de rendre des visites en EHPAD l’année prochaine afin d’en découvrir plus !

Baptiste : Être bénévole, c’est pour moi renouer avec le sens commun, une opportunité de pouvoir aider et apprendre. Aujourd’hui, donner du temps pour autrui est de plus en plus rare, c’est important de maintenir un engagement comme celui-ci. De plus, nous créons réellement des liens avec d’autres bénévoles, ce qui n’a pas de prix quand on est étudiant.

Hanna : Prendre le temps d’aller à la rencontre de personnes isolées, c’est gratifiant, parfois émouvant, mais tellement constructeur. Ces visites permettent de remettre l’humain au centre des interactions. Après chaque visite, je suis épanouie. J’en tire aussi beaucoup d’expériences : ces moments me permettent de dépasser mes craintes sociales, la gêne de parler à l’autre notamment. Cela se ressent dans mes rapports à l’université, avec des inconnus dans le train et même dans le monde professionnel.

As-tu une anecdote ou un moment marquant à partager ?

Elsa : Un moment m’a particulièrement marquée. C’était lors de ma deuxième visite à l’hôpital. Je marchais dans le couloir entre deux chambres quand je suis tombée sur une femme dont le mari venait tout juste d’être hospitalisé. Elle était seule et visiblement bouleversée. Elle était dans une chambre vide, je me suis présentée et elle m’a raconté sa situation. Malgré le fait que les médecins avaient eu un discours rassurant avec elle, elle n’arrivait pas à se calmer. Elle semblait paniquée et perdue. Alors je me suis assise avec elle, on a parlé pendant une quinzaine de minutes. Petit à petit, elle s’est calmée, et à la fin, elle m’a remerciée du fond du cœur. Ce jour-là, j’ai vraiment senti que ma présence comptait. J’étais vraiment heureuse d’avoir pu échanger avec elle et je ressentais un sentiment de plénitude.

Baptiste : Au-delà de chaque échange avec les patients, qui sont tous différents et avec lesquels nous nous enrichissons à chaque passage de porte, nous avons à plusieurs reprises pu échanger et rire avec le personnel soignant. C’est à chaque fois vraiment enrichissant !

Hanna : Durant ma première visite, j’étais au départ un petit peu fermée. Je me mettais en retrait et regardais les plus anciennes bénévoles interagir avec les patients. Jusqu’à une rencontre avec une femme hospitalisée à Fontainebleau qui était en pleine lecture. Ce simple livre nous a permis de nous lancer dans un échange littéraire passionnant ! Nous étions deux femmes passionnées de lecture fantastique qui partageaient leurs recommandations. Pour moi, ce moment était fort, et c’est sans doute grâce à lui que j’ai compris que le simple fait d’être sincère dans ses échanges suffit à en faire des échanges naturels.

Que dirais-tu à un(e) jeune qui hésite à s’engager comme bénévole ?

Elsa : Je pense que je lui dirais juste “vas-y”. Même si tu doutes, même si tu ne sais pas encore comment tu vas te comporter ou si tu seras à la hauteur. Parce qu’en réalité, ce n’est pas tant ce qu’on dit qui compte, mais juste le fait d’être là, d’écouter, de partager un moment. C’est une expérience humaine très riche ! Et puis, les personnes que l’on visite, leurs proches ou le personnel soignant nous remercient souvent et c’est très gratifiant. Finalement, on reçoit autant que l’on donne. C’est une expérience qui vaut le coup d’être tentée.

Baptiste : Aujourd’hui, faire ses études dans de bonnes conditions est compliqué. Toutefois, donner de son temps à l’autre est un moyen et un remède à l’isolement. Donner de son temps, c’est avant tout créer du lien. Il existe mille façons de le faire. Aider des personnes isolées et avec peu de visites, c’est s’enrichir personnellement ! C’est une expérience humaine, forte, qui fait grandir, se questionner, s’ouvrir aux autres et à soi-même.

Hanna : Je pense que si je rencontrais un jeune qui hésitait à s’engager à VMEH, je lui dirais de tenter. À mon sens, il est parfaitement normal d’hésiter, de se questionner sur ses capacités à gérer ses émotions. L’avantage est que c’est une expérience où l’on va à son rythme. On est évidemment accompagné pour les premières visites, et la formation est très complète. L’ambiance entre bénévoles est bienveillante, rassurante, et on peut même choisir l’établissement et le public qu’on souhaite visiter. En bref, s’engager pour VMEH, c’est l’occasion de donner de soi, de s’ouvrir, de prendre sur soi parfois, tout en recevant énormément.

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